Les textes et la musique d'Elliott Smith cesseront jamais de me toucher. Empreintes d'une voix unique et solidement ancrées dans le plus dark, le plus saignant mais aussi le plus planant de la condition humaine, ses tounes me font penser à tout c'qui m'entoure. C'est un des râres musiciens, écrivains, artistes qui a réussi à rendre sa façon de voir la vie à la fois communicable, familière et complètement étrangère. Même si j'ai rien de sa profonde angoisse, de la lourdeur de son spleen. Même si, comme tous les grands auteurs et leur oeuvre, ses textes finissent toujours par porter sur le même thème -- cette personne esseulée, je tu il, même affaire, et son exil du reste de la planète -- il y a une nouvelle touche dans chacune de ses chansons qui me met en relation immédiate avec ma propre expérience. Même si ç'a rien à voir. Si t'embarques, si tu signes le contrat d'écoute, il te transmet un affect qui dépasse la thématique et qui rejoint un lieu de réception à la base de tes réactions émotives. Ça fait que même si t'as aucune envie de t'isoler du monde, même si tu te sens très bien entouré, t'es saisi par la tonalité, la façon de tout traîter.
Burning every bridge that I cross / To find some beautiful place to get lost...
À chaque fois, c'est immanquable. Et c'est une nouvelle toune qui m'arrête à chaque écoute; c'est pourquoi j'suis convaincu qu'il faut avoir du Elliott Smith en grande quantité. Sinon tu te mets à écouter toujours les mêmes, les plus accessibles, et tu perds l'essentiel. D'ailleurs, j'ai souvent de la misère à écouter juste une toune, ou même juste un album. Smith se consomme mal en single.
Cette fois c'est Stupidity Tries, sur Figure 8, qui m'a accroché. Non pas par hasard, mais on n'embarquera pas là-dedans. J'sais pas d'où vient le titre, si c'est une expression inventée par Smith ou s'il l'a trouvé ailleurs dans la culture américaine -- j'pense à d'autres exemples comme Clementine ou Memory Lane. Anyway, l'expression est sublime; deux mots qui recoupent, dans mon cas, la multitude de réactions stupides que j'peux avoir. Ce sont tous ces moments de stupidité, ces instants caves, qui s'essaient à rendre notre idéal moins beau. Et le dernier couplet qui excuse tout, dans ma lecture en tout cas. Oh what a surprise, stupidity tries.
Et la toune est aussi excellente. C'est c'que ça donne quand t'amènes Elliott Smith enregistrer à Abbey Road. Une bass-line crissement Beatles-esque, surtout aux deuxième et dernier couplets, les harmonies vocales, l'arrangement musical avec mini-orchestre -- je reconnais certainement du violon, et même, messemble, de la trompette ou du trombonne au deuxième couplet.
Très cool à jouer aussi; Stupidity Tries est certainement ma chanson de la semaine.
(Oli, si tu lis ça, merci. Tu m'as ouvert à une musique que je finis pas d'apprécier. C'est à peu près la meilleure chose qu'un ami peut transmettre à un autre... Ça pis une MTS.)
got a foot in the door
god knows what for
and he'll cut me down to size
stupidity tries
everything here is free
everything but you and me
this painting never dries
stupidity tries
savannah shoulder raised a cheer coloring the sky with ash
because they found some privateer to sail across the sea of trash
the enemy is within
don't confuse me with him
the truth is otherwise
stupidity tries
and so i go from floor to floor looking for a port of call
another drunk conquistador conquering the governor's ball
i couldn't think of a thing
that I hope tomorrow brings
oh what a surprise
stupidity tries
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6 commentaires:
amour
amour et mts
de rien ça fait plaisir
les deux sont
GRATIS
En fait, pour faire court, on peut dire que la principale occupation d'Elliot Smith a été "feeling like shit" avant de finir par se suicider. C'est un bon point de départ pour créer des bonnes tounes dark.
(au fait, Maxime t'as trouvé, dans votre cours du mardi - toi, l'as-tu démasqué?)
Maude: Concernant Monsieur Smith, oui ça devait être une préoccupation assez constante chez lui. Ça reste fascinant de voir à quel point de ses toutes premières chansons à ses dernières publiées après sa mort, il présentait les mêmes symptômes d'isolement, d'estime et de confiance déficientes. Comme quoi le suicide, qui est évoqué plusieurs fois d'ailleurs, s'inscrit parfaitement dans sa logique.
Mais j'suis pas prêt à cataloguer sa musique comme étant exclusivement dark. Il y a une passion et une beauté dans son écriture et (surtout) dans son talent pour prendre la pire suite d'accords et en faire une mélodie super accrochante. C'est mon rêve, faire une (bonne) mélodie avec n'importe quoi.
J'suis réticent à l'idée de dire que c'est juste ben dark parce que c'est comme les gens qui disent que Radiohead c'est trop depress. J'pense que dans ces artistes-là, qui sont fucking névrosés, on s'entend, ya une beauté musicale qui dépasse le message ou l'impression de surface que nous laisse une chanson. Qui fait que tu peux pas trouver ça déprimant.
Concernant Maxime, la description qu'on m'a fait est tellement vague qu'en ce moment, j'ai une trentaine de personnes, dont trois filles et un Bouvier bernois, qui correspondent à mon image mentale de Maxime... Catherine m'a dit «ben y'a une tite face, pis des lunettes.»
J'pense que tous les gars en littérature portent des lunettes.
je suis d'accord avec toi wil sur tout sauf une chose
pas moi
j'ai pas de lunettes
j'ai mangé mes carottes quand j'étais jeune...
'and a half, yo
T'en fais pas, j'avais pas l'intention de réduire Elliot à sa déprime, c'était juste une façon courte et (à peine) comique de le décrire, mais je sais que c'est beaucoup plus (tout comme pour Thom Yorke).
Et tu ne ferais pas un très bon détective en tout cas. T'avais juste à écouter un peu plus les noms à la remise des travaux ;)
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