20.11.06

I Felt Your Shape - The Microphones

J'ai un penchant pour l'esthétique lo-fi qui fait des défunts Microphones une de mes inspirations majeures. Là où plusieurs entendent du gros botchage musical, de la musique rétrograde, ou amateure, je sens une proximité infinie avec l'artiste. Une proximité qui se transmet mal dans un enregistrement trop clean, trop poli. Il y a, dans le lo-fi, toute une vision de l'art et de la vie en général, qui cherche à éloigner un peu les préoccupations trop plastiques, trop superficielles, pour entrer en contact avec la pulsion de composition, la muse ou la motivation première derrière la toune. C'est pas toutes les chansons lo-fi qui me touchent, mais c'est clair qu'elles partent avec un préjugé favorable. Du moins, j'vais m'y intéresser plus facilement.

Certains critiques ont parlé de l'album The Glow pt. 2, des Microphones, comme étant parvenu à accomplir une première dans le monde lo-fi; c'est-à-dire faire un disque conçu pour une écoute avec headphones. Je trouve l'idée intéressante. Je capote pas sur l'album au complet, les dix ou quinze minutes de semi-silence en plein milieu me perdent un peu; mais c'est vrai que ça étonne de voir un album lo-fi donner lieu à la même écoute que des chefs d'oeuvre de la musique populaire, en termes d'arrangements sonores, de production studio. Comme écouter Hail To The Thief, Sargent Pepper, From A Basement On The Hill, Yankee Hotel Foxtrot, Blinking Lights, Illinoise; tous ces albums qui te marquent autant pour le contenu que pour le contenant, pour la façon dont c'est monté, arrangé, enregistré, tordu, condensé, etc.

J'aime le fait que dans certaines musiques, on a l'impression que l'artiste nous dit «J'vais te faire écouter quelque chose». Mais j'aime encore mieux quand il me dit «J'vais te faire écouter quelque chose, avec cette sonorité, cette tonalité, ces imperfections... quelque chose que j'ai choisi de rendre ainsi...»

Mon premier disque lo-fi, je pense, a été un album de John Frusciante, le guitariste des Red Hot Chili Peppers, intitulé Niandra LaDes and Usually Just A T-Shirt. C'est une vingtaine de tounes de deux minutes pas plus - dont la dernière moitié est constituée de treize tounes sans titre -, avec guitare électrique ou acoustique seulement, tout croche. Et la voix affreuse de Frusciante. C'était super intéressant, et ça faisait littéralement fuir les clients de la boutique de ski à Bromont, où j'ai travaillé v'là trois ans.

Pour un endroit où se rassemblent tant les matantes skieuses fans de Mario Pelchat et de Diana Krall, que les jeunes jibbers fans de Wu-Tang Clan; et où mon cd de Jack Johnson n'a jamais autant tourné; mon gérant et moi avions des fois de quoi faire rougir n'importe quel disquaire de HMV, en matière de diversité musicale. C'était de voir la face des Claudettes dans le rack à cache-cou quand on mettait 1-800-Suicide, de Gravediggaz; ou quand la séquence deathmetal embarquait, à la septième minute de Hunger Strike, chanson de dix-neuf minutes qui mèle musique tsigane, jazz, flamenco, et plein d'autres choses, du band américain Estradasphere.

Mais le thème de la variété musicale chez DM Cyclo Sport, et de son incongruité par rapport à la clientèle cherchant surtout des mitaines et des goggles cheaps, ferait l'objet d'un tout autre texte. J'me rappelle qu'à mon entrevue, si on peut appeler une poignée de mains et un «Ah c'est toi le frère à Véro» une entrevue, Sophie l'assistante-gérante m'avait demandé si j'aimais ça Les Wampas.

Anyway.

I Felt Your Shape est la première toune que j'ai entendue des Microphones. Je l'ai entendue sur Pandora.com; et ce qui m'a attiré en premier, c'était l'espèce de mini-guitare, qui sonne cheap, presque comme un ukulele. Après quelques écoutes, tu te rends compte que Phil Elvrum - le Conor Oberst du band - scrappe presque tous les accords du dernier riff. Ça fausse, ça perd le rythme, ça pince les mauvaises cordes. Pis c'est fucking bon. C'est l'esprit lo-fi, dans toute sa splendeur.

En plus, ici, le texte est particulièrement bon. Une sensibilité parfaitement contrôlée. Rien de quétaine ou de trop intense. Juste très bon.

I thought I felt your shape but I was wrong. Really all I felt was falsely strong. I held on tight and closed my eyes. It was dumb. I had no sense of your size. It was dumb to hold so tight.

But last night on your birthday in the kitchen my grip was loose, my eyes were open. I felt your shape and heard you breathing. I felt the rise and fall of your chest. I felt your fall, your winter snows, your gusty blow, your lava flow. I felt it all: your starry night and your lack of light.

With limp arms I can feel most of you. I hung around your neck independently and my feeling of loss was overwhelmed by this new depth I don’t think I ever felt. But I don’t know... My nights are still cold and I vividly remember my arm gripping around a warm fleshy waist.

3 commentaires:

olivier nj a dit...

hey ! je suis totalement d'accord avec toi et puisque tu es présentement disquaire, faudrait peut-être penser à acheter les autres des microphones, tu penses pas ?
envoie-moi ton horaire pour que je passe te voièr. c'est ça te voièr.
et on fera des achats judicieux, réfléchis, pointilleux et communs

Anonyme a dit...

Je voudrais pas te contredire, mais dans ma version à moi, I felt your shape fini comme ça:

I hung around your neck independently
And my loss was overwhelmed
By this new depth I don’t think I ever felt
But I don’t know
The nights are cold
And I remember warmth
I could have sworn I wasn’t alone

William a dit...

Maude: Oui t'as raison, j'ai recopié les paroles écrites dans ma pochettes et c'est pas la même chose (juste pour dire comment c'est brouillon leurs affaires...). Bon travail!